17 juillet 2007
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Molière Michel BOUQUET, le terrible regard de l'Avare
MICHEL BOUQUET, L’AVARE
UN FUNAMBULE QUI TUTOIE LES ETOILES
Quand je vois des hommes et des femmes
assemblés dans une salle de théâtre,
je me sens de nouveau leur semblable,
leur proche.
J’aime les hommes à travers cet échange.
Le théâtre offre une trêve à la méchanceté,
à la bêtise des hommes.
Michel Bouquet
Michel Bouquet
La Cour d’honneur du Château de l’Emperi retenait son souffle ce lundi 9 juillet à l’apparition de ce monstre sacrée du Cinéma et du Théâtre qu’est Michel BOUQUET.
J’ai eu l’impression que son regard glacé a croisé le mien dès ses premiers pas sur scène et je me suis souvenu qu’il faisait peur à ma mère lorsqu’elle le regardait à la télévision dans ses rôles toujours inquiétants.
J’ai eu l’impression que son regard glacé a croisé le mien dès ses premiers pas sur scène et je me suis souvenu qu’il faisait peur à ma mère lorsqu’elle le regardait à la télévision dans ses rôles toujours inquiétants.
Ce soir, il immortalise une nouvelle fois Molière avec certainement sa pièce la plus désespérée, écrite quatre années avant sa mort ou le personnage principal continue à demeurer, quelque part, un mystère.
« Harpagon est vieux, Harpagon est riche, Harpagon est amoureux. Autour de lui une jeunesse agressive, insolente qui réclame sa place, qui exige sa place. A soixante ans bien comptés n’est-il pas temps qu’il passe la main et foute la paix au monde ? Le pouvoir tyrannique du Maître est de plus en plus insupportable. Par son avarice, ses propres enfants sont amenés pour survivre à user d’expédients : son fils est contraint de jouer « pour pouvoir porter des habits raisonnables », sa fille vit quasiment son amour dans la clandestinité. C’est ainsi que tous se voient obligés de mentir, de tromper, tant la pathologie du père abîme et salit tout ce qu’il approche.
Le décor est très sobre, pas de fantaisie, tout va se dérouler dans cet univers gris, presque austère.Les acteurs nous surprennent par leur jeunesse, leur élégance, ils semblent être nos contemporains.
Ils sont dans le rythme, la justesse de ton que va donner Harpagon.Tout est en finesse, pas de cris , pas de gestes démesurés;
Harpagon est le vieillard coquin , sournois,qui trottine sur la scène; ses jeux de mains sont admirables. Il est l'âme de la pièce, il est âpre, dur et...comique.
Tant de rires fusent dans la salle.
Seule Frosine apporte la note colorée, gaie, fraîche, émouvante, désinvolte.
Tout converge autour d'Harpagon et Frosine, avec justesse.
Un vrai bonheur de les voir évoluer.
Michel Bouquet déploie magistralement un arsenal de ressorts comiques qui lui sont propres et dont il a le secret ; il enchaîne, sans rupture de ton et maintient le tempo du début jusqu’à la fin de la pièce.
Il rend à merveille la petite monstruosité de ce vieil homme aliéné pas la passion de son argent.
Les autres comédiens sont tous à leur place et ne sont aucunement gênés par le prestige de leur aîné.
Tous font bloc avec lui dans le rythme, l’unité, la justesse de ton.
Michel Bouquet ; un si grand acteur qu’il sait passer du grotesque au pitoyable toujours avec élégance.